• Patrimoine architectural

Un été au château : La Ville-Quéno

Le château de La Ville-Quéno a été construit au cœur d'un domaine agricole de l'ancienne paroisse de Carentoir par la famille de Talhouët, seigneurs locaux présents dans la région dès le 14e siècle. Le corps de logis ancien et les communs datent du 17e siècle. Jusqu'à la fin du 18e siècle, le lieu est constamment habité, mais pendant la période révolutionnaire et au 19e siècle, le château connaît un temps d'abandon relatif. Si les seigneurs de La Ville-Quéno n'émigrent pas, ils occupent, en effet, plus volontiers d'autres résidences, notamment rennaises, à l'instar de Joseph-François de Talhouët, maire de Rennes et président à mortier du parlement de Bretagne.

En 1888, Henri de Talhouët épouse Marie-Marthe Roullet de La Bouillerie. Descendante de la famille Delahante, financiers parisiens ayant fait fortune dans la Compagnie des chemins de fers, celle-ci dispose de fonds importants qu'elle investit dans la rénovation du manoir. En 1894, elle engage Auguste Beignet, architecte angevin connu pour son travail au palais de justice d'Angers. Beignet adopte à La Ville-Quéno un style régionaliste, qui s'inspire de l'architecture vernaculaire bretonne. Il conserve la distribution du logis ancien et dote l'édifice de hautes toitures et d'imposants murs pignons. Le manoir rural devient alors une demeure bourgeoise à la mode.

Des archives d’un grand intérêt

En 2022, les archives du Morbihan ont publié l’inventaire du fonds de château de la Ville-Quéno (Quelneuc-Carentoir). D’une petite volumétrie - 3,5 ml. - et couvrant une large période (1384-1955), le fonds est cependant d’une grande richesse. Ce fonds documente ainsi la vie du château de la Ville-Quéno. Inventaires, procès-verbaux de travaux, plans illustrent l’évolution de la demeure.

Par ailleurs, pas moins de quatre chartriers composent le fonds : 

  •   le chartrier de la famille de Talhouët qui comprend les papiers des membres de la branche de Bois-Orhand depuis François de Talhouët, gouverneur de Redon, jusqu’Henri-Marie-Érasme de Talhouët ;
  •    le chartrier de la famille du Bouëxic de Guichen comportant les documents de la famille et de ses alliés (familles Blohio, de La Jaille, Kerret…), ainsi que ceux liés à la gestion de la seigneurie de Guichen et d’autres biens situés en Ille-et-Vilaine et Côtes-d’Armor ; 
  •   le chartrier Grimoüard qui contient essentiellement des papiers relatifs aux familles alliées aux Grimoüard (familles Mothais et Béry), ainsi que ceux attachés à leurs possessions en Vendée et dans les Deux-Sèvres ;
  •   le chartrier Delahante constitué uniquement des papiers de la famille Delahante et alliées (familles Le Vasseur de Villeblanche).

Le fonds éclaire ainsi le parcours de la famille de Talhouët au fil des siècles et au gré des alliances. Il relate la trajectoire de la famille dans la longue durée, son ancrage territorial, économique, politique, sociétal, son réseau d’influence. On entre notamment dans l’intimité familiale avec la correspondance. Enfin, il renseigne sur les territoires, les nombreuses seigneuries affiliées aux Talhouët et à ses alliés.

Auguste-Adolphe-Eugène Beignet (1837-1924)

Ancien élève de l'École des Beaux-Arts et de Constant-Dufeux, il étudie aussi à l’école spéciale de dessin. Il est l’architecte de plusieurs églises en Maine-et-Loire, tant en construction comme à Saint- Martin-du-Bris, Baracé, Cossé, Rochefort, qu’en restauration comme à Saint-Joseph d'Angers, Beaufort, Mouliherne, Linières- Bouton. Il réalise également plusieurs bâtiments publics tels que le palais de justice d’Angers, l’hôtel de ville de Segré, mais aussi des châteaux en pays de Ségré, comme celui de L’Oseraie à Chemiré-sur- Sarthe et ceux de Courléon, de Ferrière-de-Flée ou de Cheviré-le-Rouge. En Morbihan, il travaille également sur la nouvelle aile du château de La Granville à Brandivy.

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