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Un été sous le signe archéologique : la sous-série 4 T

L’été morbihannais s’inscrit sous le signe de l’archéologie avec l’inscription des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCOL’occasion de découvrir quelques fonds d’archives qui évoquent les monuments mégalithiques.

« Les pierres celtiques de Carnac composent le monument le plus important de ce genre qui existe en France ; chaque été nous avons un nombre considérable de visiteurs, tant Français qu’étrangers, et il est incontestable que c'est là une source de richesse pour les commerçants du pays. Or, il arrive que l'agriculture prenant, chez nous comme dans le reste de la Bretagne, journellement plus d'extension, les landes sur lesquelles ces pierres reposent sont peu à peu mises en culture, et ces pierres, offrant un obstacle sérieux au travail de la charrue, disparaissent lentement, insensiblement, mais enfin disparaissent chaque jour devant elle.

Du temps où M. Cayot-Délandre écrivait, ce monument comptait 4 000 pierres ; c'est à peine s'il en reste le quart aujourd'hui ; et dans l'état actuel , je ne vois pas qu'il soit possible à l'autorité municipale [NDLR Carnac] d'empêcher la destruction de ce monument, les propriétaires du sol n'ayant pas été indemnisés ; ces pierres ont été, il est vrai, classées au rang des monuments historiques, mais les propriétaires n'ont jamais été expropriés, de sorte qu'ils peuvent abattre impunément ces blocs immenses de granit qui les gênent dans leurs travaux. » Extrait du registre des délibérations du conseil général, séance du 30 octobre 1871. Rapport de Pierre Marie Bertic. (T 920)

« Propriétaire des monuments druidiques de Kermario, je m’oppose par tous les moyens possibles à la concession amiable ou à l’expropriation forcée des terrains qui m’appartiennent et sur lesquels se trouvent ces monuments qui sont aussi bien que le sol ma propriété. Je n’ai jamais empêché les touristes de visiter ces monuments et de jouir de leur aspect. Je n’y ai jamais mis d’entrave, ni exigé aucune rétribution mais je déclare qu’à aucun prix, je ne me déferai de ces monuments dont la valeur est inappréciable. Je déclare encore que la crainte de voir détériorer ces monuments est une crainte purement imaginaire ; nous tenons à la conservation de ces monuments encore plus que les membres de la société polymathique et ce n’est pas peu dire. » Extrait du procès-verbal d’enquête publique, 26 juillet 1874, déclaration de Marie-Josèphe Rio (T 919).

Ces deux extraits sont issus des dossiers de la sous-série 4 T consacrée aux affaires culturelles. 

Parcourir certaines liasses de cette sous-série, c’est découvrir les premières explorations des polymathes et lire leurs premières théories sur les pierres celtiques ou les monuments druidiques appelés ainsi au 19e siècle. C’est assister à la prise de conscience des pouvoirs publics sur le caractère patrimonial exceptionnel des sites mégalithiques et voir émerger les premières mesures de protection et l’immense défi que cela représente de préserver l’intégrité des sites.

C’est aussi percevoir l’attachement farouche des propriétaires à leurs terres et à leurs monuments, leur volonté de préserver l’héritage des leurs ancêtres et constater malgré tout l’opportunisme de certains à utiliser les mégalithes comme matériau à bon marché. 

Les dossiers d’acquisition, d’expropriation, de restauration, d’aménagement des sites mégalithiques sont conservés dans cette sous-série pour la période 1820-1940. 

 

Dossier de la société polymathique du Morbihan adressé au préfet du Morbihan concernant l'exploration du tumulus du Mont-Saint-Michel de Carnac, 1865.

Archives départementales du Morbihan, T 184

PDF [10,6 Mo]

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