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La disparition de Vincent Ferrier

Vincent Ferrier, ce dominicain, né en 1350, est devenu un saint populaire, dont le culte est resté important dans le département. Ses prêches réputés et courus le portent sur les routes, de son Espagne natale au midi de la France, en passant par l’Italie, l’Écosse mais aussi la Bretagne.

Un prédicateur hors pair

Après avoir été sollicité par le duc de Bretagne Jean V, Vincent Ferrier arrive à Nantes le 8 février 1418. Il prend ensuite la route de Vannes, où il est accueilli non seulement par l'évêque et de nombreux dignitaires ecclésiastiques mais aussi par le duc et sa cour. Pour chacune de ses prédications, un même rituel : attendu par les notables de l'endroit et une foule de badauds et dévots, Vincent Ferrier leur apparaît chevauchant une ânesse ou une mule puis il descend dans un couvent de son ordre, une autre maison de réguliers ou chez un bourgeois de la ville. À l'heure du sermon, la foule se rassemble autour de l'estrade dressée par les autorités, à l'exemple de celle aménagée par le duc à Vannes sur la place située devant le château de l'Hermine.
Après un an de prédication en Bretagne, Vincent Ferrier tombe malade dans le pays nantais alors qu'il s'apprête à quitter le duché. Transporté à Vannes sur les instances de la duchesse Jeanne, il y meurt le 5 avril 1419. En même temps que les fidèles s'inclinent devant la dépouille du prédicateur, une lutte d'influence s'ouvre concernant le lieu d'inhumation du défunt. La règle voudrait qu'il soit inhumé dans le cimetière d'une maison de son ordre, dont les plus proches se situent à Guérande et Quimperlé. La distance et les mauvais chemins servant de prétexte, Vincent Ferrier est finalement inhumé dans la cathédrale de Vannes le 8 avril au cours d'une cérémonie funèbre présidée par l'évêque assisté de tout son chapitre et de nombreux prêtres.

L'enquête en canonisation : une source précieuse conservée aux archives départementales

Des pèlerinages autour de la tombe de Vincent Ferrier ont lieu dès après son décès. Mais il n'est pas encore reconnu comme saint. Pour le devenir, il faut un procès en canonisation, qu'appellent de leurs vœux les ducs de Bretagne Jean V puis Pierre Il. Ouvert par le pape Nicolas V en 1451, le procès donne lieu à quatre enquêtes locales qui sont menées en Bretagne puis à Toulouse, Naples et Avignon.
C'est par cette enquête menée en Bretagne en 1453-1454 et conservée aujourd’hui aux archives départementales du Morbihan que l'on connaît les détails de son séjour breton. L'audition des témoins débute le 23 novembre 1453 au prieuré Saint-Guen, à quelques kilomètres de Vannes. Elle se poursuit à Plumaugat, Dinan, Redon, Nantes, Fégréac, Questembert et Guérande.
Avec un total de 313 témoins, l'enquête bretonne est la plus longue des trois enquêtes conservées, celle d'Avignon ayant intégralement disparu. Elle se distingue par des méthodes moins formelles qu'à Toulouse et à Naples ainsi que par la variété des classes sociales entendues. Beaucoup des témoins étant par ailleurs trop jeunes pour avoir des souvenirs directs de la présence de Vincent Ferrier en Bretagne en 1418-1419, l'enquête met surtout l'accent sur les guérisons et miracles attribués au dominicain après son décès.
L'un des miracles les plus connus concerne la résurrection d'un bébé coupé en deux par sa mère. Celui-ci est relaté par le soixante-treizième témoin du procès, Olive de Coetsal, une veuve d'environ 50 ans. Ne jugeant pas nécessaire d'examiner plus de témoignages, les commissaires apostoliques mettent fin à l'enquête de Bretagne lors d'une cérémonie le 7 avril 1454.
Les autres enquêtes débutent ensuite, en mai à Toulouse et en août à Naples. Après la tenue des différentes enquêtes et de consistoires secrets et publics, Vincent Ferrier est canonisé le 29 juin 1455, jour de la fêle des saints Pierre et Paul.

Le procès en canonisation : un document exceptionnel

Le document se présente sous la forme d’un ouvrage relié aux armes de Bretagne. De plus de 200 pages, rédigé en latin, il a été entièrement numérisé et est consultable en ligne. L’original est conservé aux archives départementales du Morbihan dans le fonds du chapitre cathédral de Vannes sous la cote 87 G 11.

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