La petite Chouannerie

Le Morbihan est le théâtre d’un important mouvement contre-révolutionnaire entre 1793 et 1800 appelé grande chouannerie. Une fois arrivé au pouvoir, Bonaparte parvient à pacifier le département en dosant l’usage du compromis et de la force. Les chefs chouans, Pierre Mercier la Vendée, Pierre Guillemot ou encore Georges Cadoudal, qui poursuivent la lutte sont traqués puis exécutés. Napoléon abdique en avril 1814 puis reprend le pouvoir un an plus tard, en mars 1815. Ce retour active un nouveau souffle insurrectionnel : c’est la petite chouannerie.

Dès son retour, l’empereur reprend les armes contre ses adversaires européens. Dans les campagnes, la population craint une nouvelle levée massive d’hommes pour alimenter les armées napoléoniennes. L’agitation est de plus en plus palpable à la fin du mois d’avril dans le Morbihan. Louis de Sol de Grisolles, nommé chef de l’armée insurgée, qui prend le nom d’armée royale, en profite pour recruter des combattants.

Le 26 mai, une colonne mobile de l’armée impériale, constituée de 500 hommes, rencontre inopinément un regroupement de 800 chouans à Sainte-Anne d’Auray. Surpris, les deux camps s’affrontent. Le combat tourne vite à l’avantage des troupes insurgées ici commandées par Joseph Cadoudal, Jean Rohu et Guillaume Gamber. Cette première victoire n’est que le prélude d’une longue série.

L’avancée chouanne est néanmoins stoppée dans sa progression à Redon le 4 juin. La prise de la ville est stratégique pour sécuriser la Vilaine. En effet, les chouans attendent dans ce secteur un débarquement d’armes et de munitions des Britanniques. Malgré l’échec de Redon, les insurgés parviennent à intercepter la précieuse livraison à Muzillac. Informés de l’opération, les soldats impériaux tentent d’intercepter le 10 juin les chouans encore présents à Muzillac. Face à l’abnégation des insurgés, en particulier des élèves du collège de Vannes, les troupes  impériales subissent une défaite.

Les autorités, conscientes de la nouvelle puissance des insurgés, tentent de négocier une paix. Mais Louis de Sol de Grisolles refuse toute conciliation et compte tirer profit d’une armée estimée à près de 10 000 hommes, la plus importante de l’Ouest de la France.

Le commandant général de la 13e division armée, Auguste de Bigarré rassemble toutes les forces impériales disponibles. De Rennes, il se rend à Auray où 5 à 8 000 chouans attendent un nouveau débarquement annoncé à Carnac. Bigarré lance l’offensive le 21 juin. Si le rapport de force est défavorable aux impériaux, leur supériorité technique et logistique leur apporte un succès net et décisif.

Si la victoire est acquise sur le terrain, l’annonce de la défaite de Waterloo (Belgique) et de l’abdication de l’empereur inverse brusquement le rapport de force. Le vaincu Louis de Sol de Grisolles profite de ce moment de flottement pour récupérer de l’armement apporté par une escadre britannique. Le général Rousseau tente alors vainement une dernière menée vers Plescop le 4 juillet.

Pendant ce temps, alors que Louis XVIII récupère son trône, les puissances coalisées décident d’occuper la France. Les Prussiens s’arrêtent finalement à Redon par crainte, dit-on, d’avoir à déployer leur énergie pour contenir les valeureux chouans morbihannais.

Les troupes royalistes défilent triomphalement à Vannes le 22 juillet puis partagent une semaine plus tard, avec leurs ennemis impériaux un banquet de réconciliation nationale. Les Cent-Jours de Napoléon furent l’occasion d’un ultime soubresaut d’une chouannerie que l’on pensait éteinte.

Retour en haut de page