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L'histoire méconnue des hospices de Lorient et de Belle-Île

Sous l’Ancien Régime, nombreux sont les hospices à occuper le territoire de ce qui deviendra plus tard le Morbihan. Parmi eux, l’hôtel-Dieu de Lorient et celui du Palais à Belle-Île, deux établissements hospitaliers dont les archives viennent d’été reclassées. Celles-ci, dotées d’un instrument de recherche remaniée, sont consultables respectivement sous les cotes 9 HDEPOT 1 et 12 HDEPOT 1.

Belle-Île : de l’hôtel-Dieu à hôpital royal et militaire de Saint-Louis

L’hôtel-Dieu du Palais à Belle-Île a été fondé en 1659 par Nicolas Fouquet à la suite de l’acquisition du marquisat de Belle-Île un an auparavant. Il souhaitait y établir un hôtel-Dieu dédié aux malades et à l’instruction des pauvres. L’année suivante, Marie-Madeleine de Castille, son épouse, demande à saint Vincent de Paul de faire venir à Belle-Île des Filles de la Charité pour tenir cette œuvre de bienfaisance. Deux religieuses sont alors envoyées au Palais.
Peu après l’arrestation de Nicolas Fouquet, tombé en disgrâce en 1661, Louis XIV s’empare de l’hôtel-Dieu et le transforme en hôpital militaire, devenant ainsi l’«hôpital royal et militaire de Saint-Louis ».
Les Filles de la Charité, qui en conservent la direction, s’occupent des soins et de la gestion de l’établissement, tout en poursuivant leurs œuvres envers les indigents de Belle-Île. En 1718, Louis XIV devient propriétaire de Belle-Île et la fondation royale est confirmée par lettres patentes en 1724. À cette date, trois sœurs sont dévolues au service de l’hôpital qui possède alors 30 places d’accueil. En parallèle, au cours du 18e siècle, de nombreux travaux sont effectués avec l’ajout d’ailes et de nouveaux bâtiments pour les malades. En 1778, l’hôpital possède jusqu’à 169 places et compte un chirurgien-major, un aide chirurgien-major et deux garçons chirurgiens pour le service médical.
La Révolution entraîne l’expulsion des sœurs. L’hôpital est alors démilitarisé et accueille dorénavant seulement les malades et les invalides de l’île.

De cette activité, le fonds d’archives de l’hôpital nous apporte une visibilité très limitée. Parmi les documents qui sont parvenus jusqu’à nous figurent des titres de propriété, des constitutions de rentes ainsi qu’un registre d’inhumation. 

Les archives de l’établissement hospitalier pour la période moderne et contemporaine sont conservées dans des fonds complémentaires cotés 12 HDEPOT 2 à 3.
 

Lorient : un hôtel-Dieu fondé au 18e siècle

La fondation de l’hôtel-Dieu de Lorient remonte à 1731 lorsque Claire Droneau, fille d’un caissier de la Compagnie des Indes, fait l’acquisition d’un terrain sur le chemin du Faouëdic (ancienne rue de l’Hôpital, actuelle rue Jules Le Grand). Elle y fait bâtir une maison charitable appelée « maison de Miséricorde » pour y recevoir les pauvres de la ville. Elle accueille alors quelque trente personnes. 
En 1740, alors en proie à des difficultés financières, Claire Droneau décide de faire don de sa maison à la ville de Lorient. En contrepartie, la communauté de ville s’engage, entre autres concessions, à la loger et à la nourrir de même qu’à lui verser une rente en tant que directrice à vie de l’établissement. Ainsi naît l’hôtel-Dieu, érigé comme tel par un arrêt du Conseil du roi en décembre de la même année. 
En 1759, l’hôtel-Dieu accueille quatre sœurs des Filles de la Sagesse qui en prennent la direction. Deux ans plus tard, l’établissement est doté d’un dortoir et d’un laboratoire. Par ailleurs, il compte désormais deux chirurgiens, un aumônier et sept religieuses, et peut recevoir jusqu’à 230 personnes parmi lesquelles des indigents, des vieillards, des malades et des enfants trouvés. À partir de 1766 sont également admis les marins, militaires et ouvriers du port de Lorient à la suite de la fermeture de l’hôpital de la Compagnie des Indes. 
La laïcisation de l’établissement intervient sous la Révolution : les sœurs des Filles de la Sagesse sont remplacées par treize femmes laïques en août 1791 et l’hôtel-Dieu change de statut pour devenir un hospice en décembre 1792. L’année suivante, celui-ci est en mesure d’accueillir 482 personnes. Les militaires y sont toujours reçus et ce jusqu’à l’ouverture à Lorient d’un hôpital militaire en 1864.
De ce demi-siècle d’existence, nous conservons sept registres qui offrent la possibilité à qui le souhaite d’étudier l’histoire de l’hôtel-Dieu et les différents aspects de la population qui y a été soignée durant la seconde moitié du 18e siècle. Le fonds se compose ainsi d’un registre de délibérations (1758-an VI) et de six autres consignant les entrées et les sorties des individus admis au sein de l’établissement (1754-an VIII).

Les archives de l’établissement hospitalier pour la période moderne et contemporaine sont conservées dans des fonds complémentaires cotés 9 HDEPOT 2 à 6.
 

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