- Archives
Feuilles et fleurs de tranchées
Bien qu’elle soit désormais consacrée aux commémorations et aux hommages envers l’ensemble des morts pour la France, la date du 11 novembre résonne toujours comme le moment crucial d’arrêt des combats de 1918 qui a permis le cheminement vers la paix après la première guerre mondiale. Ces commémorations sont également propices à la mise à l’honneur de documents conservés par les archives du Morbihan sur la Grande Guerre et sur le parcours de ces milliers de Morbihannais qui en ont été les acteurs et qui n’en sont, pour une partie d’entre eux, pas revenus.


En octobre 2022, le département du Morbihan s’est vu confié un remarquable fonds familial, celui de la famille Gonzini, installée à Vannes en 1883 avec l’arrivée de Pierre-Toussaint Gonzini, d’origine corse, pour son service militaire au sein du 116e régiment d’infanterie. En 1891, il épouse Clotilde Bellay, fille d’un marin de commerce. Le couple a deux enfants : Marguerite en 1892 puis Étienne en 1895.
Les Gonzini sont durement touchés par la première guerre mondiale puisque Pierre-Toussaint, engagé volontaire et capitaine de réserve du 85e régiment territorial d’infanterie, est fait prisonnier dès 1914 et détenu jusqu’en 1918 en Allemagne puis en Suisse. Son fils, Étienne, également engagé volontaire, est tué le 22 février 1915 à peine arrivé sur le front. Enfin, Jean-Henri Brien, époux de Marguerite Gonzini, décède lors d’une fusillade au début du mois d’août 1918.
C’est ce dernier qui laisse la plus importante part de documents sur la période, son quotidien de poilu et sa relation avec son épouse Marguerite Gonzini. Carnets de guerre, photographies, poèmes, menu humoristique de réveillon au front..., autant d’objets patrimoniaux et mémoriels parvenus jusqu’à nous, symboles d’une mémoire à partager et à conserver précieusement pour les générations futures.
Parmi ces souvenirs, certains revêtent une dimension plus extraordinaire que les autres car leur extrême fragilité les destinait fatalement à disparaître. En témoignent ces trois feuilles de chêne séchées et façonnées il y a maintenant plus de 108 ans par Jean-Henri Brien lors de ses temps de repos sur le front ou à l’arrière, et laissant apparaître quelques mots : « Souvenir du front, 1914-1917 » ainsi que le prénom « Marguerite », sa chère épouse.
Ces fabuleux objets seront conditionnés puis numérisés afin de limiter leur détérioration mais d’en permettre l’accès à toutes et tous.



