Le général Trochu

Né le 12 mars 1815, à Le Palais, Louis-Jules Trochu passe toute son enfance à Belle-Île-en-Mer dans la ferme familiale du domaine de Bruté que son père, Jean-Louis Trochu, en agronome avisé, avait développé avec succès. Il fait ses études au prestigieux collège Sainte-Barbe à Paris puis intègre pour deux ans en 1835 l’école militaire de Saint-Cyr en région parisienne avant de passer deux autres années à l’école d’état-major.

Une brillante carrière militaire.

Le jeune Trochu débute réellement sa carrière à partir de 1842 alors qu’il est mis à la disposition du gouverneur général de l’Algérie. Il gravit rapidement les échelons : capitaine en 1843, chef d’escadron en 1846 puis colonel en 1853. Rentré d’Afrique, Louis-Jules Trochu intègre l’administration militaire et est nommé directeur-adjoint du personnel au ministère de la Guerre. Il participe à la campagne de Crimée entre 1854 et 1856 au cours de laquelle il est blessé à la jambe lors de l’assaut de Sébastopol. La campagne d’Italie en 1859 le rappelle au service actif. Il devient général en 1866. Chargé de l’Inspection générale des arrondissements d’infanterie, il vérifie la bonne instruction, la discipline, la tenue des corps et l’organisation de l’administration militaire. C’est dans ce cadre qu’il publie son livre L’armée Française en 1867 au sein duquel il décrit l’impréparation de l’armée nationale et propose des réformes en conséquence. Cela lui vaut de tomber en disgrâce auprès du régime impérial. À l’inverse, sa popularité ne cesse de croître auprès du peuple et ce statut va le propulser sur le devant de la scène après l’éclatement de la guerre franco-prussienne.

Louis Trochu, chef de l’État.

Lors de la guerre contre la Prusse, déclarée le 19 juillet 1870, le général Trochu, malgré son image ternie auprès de l’Empire, se voit confier le commandement du 12e corps d’armée au mois d’août et occupe la fonction de gouverneur de Paris. La défaite désastreuse de Sedan du 4 septembre et la capture de l’empereur Napoléon III créent une crise sans précédent. Le général Trochu est alors nommé président du gouvernement de la Défense nationale et Léon Gambetta ministre de l’Intérieur et de la Guerre. Parmi les députés républicains qui forment ce gouvernement, Trochu est notamment entouré d’un autre Morbihannais Jules Simon, ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Commence alors la difficile période du siège de Paris par les armées ennemies. Les différentes armées du Nord, de la Loire, de l’Est sont rapidement et successivement vaincues par les Prussiens. La sortie de Paris vers Versailles du 19 janvier 1871 imaginée et commandée par le général Trochu lui-même se solde également par un échec. Cette seconde bataille de Buzenval signe la fin du siège de la capitale. Trochu demande un armistice. Le 21, le général, jugé responsable de la défaite, démissionne de son poste de gouverneur de Paris. Il conserve cependant la présidence du gouvernement provisoire jusqu’à l’élection d’Adolphe Thiers comme chef de l’exécutif le 17 février 1871. Le général est alors élu député.

L’après-guerre du général Trochu.

La carrière militaire du général se termine avec la capitulation française. Il quitte son siège de député le 1er juillet 1872 et adresse dans le même temps une lettre d’adieu et de remerciements aux électeurs du Morbihan, mais garde son mandat de conseiller général du canton de Belle-Île-en-Mer qu’il avait obtenu la première fois en 1851 avec 683 voix sur 708 à la suite de son père démissionnaire. Il préside même le Conseil général jusqu’en 1874 avant de quitter définitivement la scène politique et de passer le reste de sa retraite à Tours où il décède le 7 octobre 1896.

Plusieurs de ses écrits sont disponibles aux Archives départementales du Morbihan :

  • HB 2882. - TROCHU (Louis-Jules), L’armée Française en 1867, Paris, 1867 ;
  • HB 2609. - TROCHU (Louis-Jules), Œuvres posthumes, Paris, 1896.

Sources

  • 3 M 262. - Élections législatives, troisième Républiques, élections du 8 février 1871 ;
  • 3 M 299. - Élections au conseil général, élections, 1833-1851 ;
  • M 4707. - Préfecture, administration générale, élections législatives, 1871 ;
  • HB 2591. - CARTIER (Vital), Un méconnu, le général Trochu 1815-1896, Paris, 1914 ;
  • U 944. - DUCLERT (Vincent), La République imaginée 1870-1914, Belin, 2010 ;
  • U 944.06. - DENIS (Michel) et GESTIN (Claude), La Bretagne des Blancs et des Bleus 1815-1880, Rennes, 2003.
Retour en haut de page