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Un été sous le signe archéologique : les œuvres picturales
L’été morbihannais s’inscrit sous le signe de l’archéologie avec l’inscription des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’occasion de découvrir quelques œuvres issues des collections départementales.
À partir du 19e siècle, les sites mégalithiques morbihannais constituent l’un des principaux attraits du Morbihan. Les écrivains parcourent le Morbihan laissant une littérature abondante qui se perd parfois en conjectures sur l’origine de ces pierres « celtiques ».
Tantôt éléments d’un paysage fantasmé, tantôt décor bien réel pris sur le vif, les mégalithes ont inspiré et suscité la curiosité de nombre d’artistes. Menhirs et dolmens ont ainsi fait l’objet de nombreuses dessins et gravures au cours de cette même période. En revanche il existe peu de toiles de peintres de renom sur ce thème.
Au sein des collections departementales, deux œuvres traitent du sujet.
Sur la lande bretonne, paysage animé
Bien que sans doute breton, Ed. Le Bihan, peintre inconnu, préfère reprendre les clichés à la mode que de tirer parti de sa familiarité avec la région. Dans ce paysage imaginaire, le peintre introduit des éléments symboliques de la Bretagne, tel un décor de théâtre : des menhirs, un dolmen et un calvaire, sur une lande rase au bord de la mer. Il propose un paysage idéalement breton.
Cette composition le place dans l’école des romantiques, qui insistent dans leurs tableaux sur l’aspect très pittoresque de leurs sujets. Le Romantisme est d’abord un courant littéraire et musical exaltant le sentiment et le mystère, contre la raison. En réaction au néo-classicisme qui domine la période 1750-1830, le romantisme s’approprie de nouveaux sujets issus de la littérature populaire, dans une ambiance mêlant mélancolie, pathétisme et nostalgie. Ce courant se développe d’abord en Allemagne et en Grande-Bretagne, puis en France, après la Révolution.
Les Pierres de Carnac, Kermario
Léon-Germain Pelouse (1838-1892) est un peintre autodidacte. Il se lance dans la peinture de paysage en 1865 et va participer à de nombreux salons. Il voyage beaucoup en France : Auvergne, Normandie et la Franche-Comté et va résider plusieurs fois en Bretagne où il réalise des paysages à Pont-Aven, Concarneau, Pont-Scorff, Rochefort-en Terre et Saint-Cado (Belz). Ces paysages sont souvent peints en automne avec des ciels nuageux et un peu tourmentés.
Sur ce tableau représentant les célèbres alignements de Kermario, à Carnac, le peintre a traité le paysage avec beaucoup de réalisme, proche de la réalité visible, sans artifice, ni idéalisation.
Il rejoint ainsi les artistes du courant réaliste. Le réalisme se développe dans la seconde moitié du 19e siècle et rejette les sujets historiques en s’attachant davantage au quotidien des hommes et de leurs paysages. En Bretagne, les peintres réalistes s’attachent à traduire la variété des paysages et de la lumière.

Sur ce tableau, le ciel est traité avec des nuances de gris, ce qui donne du relief à la lande d’automne, aux reflets marron et dorés. Les menhirs, placés au premier plan, renforcent l’impression de perspective de l’ensemble. Le point de fuite est situé au centre de la composition, tandis, que la chapelle Saint-Michel, discrète mais visible sur le côté droit, donne de la profondeur à l’ensemble.