1915 : le torpillage du Léon Gambetta

En 2012, à l’occasion du classement du fonds déposé de la commune de Crac'h (3 ES 46) est découvert l’extrait de l’acte de décès de François-Marie Conquer. Né le 29 avril 1871, le crachois figure sur les rôles de l’inscription maritime quand la guerre éclate en août 1914. Incorporé au sein du Léon Gambetta en tant que maître chauffeur, il périt en mer lors du naufrage du navire…

Nuit du 26 au 27 avril 1915… Le croiseur cuirassé Léon Gambetta, qui assure avec trois autres navires la surveillance et le blocus de l’Adriatique depuis le début du conflit, est attaqué par un sous-marin autrichien U5, entre Corfou et la pointe italienne de Santa Maria di Leuca.

Les dégâts sont considérables. Torpillé à deux reprises, le navire construit en 1901 sur les chantiers navals de Brest sombre en quelques minutes. Le bilan humain est lourd. 684 victimes sont à déplorer parmi les 821 hommes d’équipage.

108 marins sont parvenus cependant à prendre place dans la seule chaloupe ayant pu être mise à l’eau, initialement prévue pour 50 places. Au bout de huit heures éprouvantes, ils regagnent la côte et donnent l’alerte. La marine italienne repêche sains et saufs 29 marins.

Accueillis chaleureusement par la population italienne, les survivants sont pris en charge médicalement par les autorités locales et conduits à Brindisi (Italie), puis transférés à Syracuse (Italie) et à Malte, qualifiée alors d’« infirmerie de la Méditerranée ».

Seuls 58 corps sont découverts sur les lieux du naufrage. Ils sont enterrés dans la chapelle Eroi Francesi du cimetière de Castrignano del Capo, à proximité de Santa Maria di Leuca (Italie du Sud-Pouilles), puis exhumés et ramenés en France.  

En février 1923 est inauguré à Castrignano Del Capo un monument à la mémoire des marins français disparus lors du naufrage du Léon Gambetta.

Parmi les victimes, de nombreux marins bretons : plus de 150 originaires du Finistère, 50 des Côtes-d'Armor, 12 d'Ille-et-Vilaine et environ 35 du Morbihan. François Marie Conquer était l’un de ceux dont le corps fut retrouvé et inhumé à Castrignano del Capo. Sur sa fiche matricule pourtant, nulle mention du naufrage. Rien ne figure non plus dans les registres d’état civil. Il faut consulter plus de sources pour en connaître davantage sur le marin : la liste des enfants de la commune de Crac'h morts pour la France (3 ES 46/80), le fichier des victimes de la Première Guerre mondiale ayant obtenu la mention « Mort pour la France »  (http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr), les dossiers d’archives militaires...

Face à ces preuves écrites parfois incomplètes, la conservation d’un acte de décès reçu pour transcription sur les registres d’état civil d’une commune et classé de manière opportune peut revêtir plus d’importance qu’il n’y paraît. Le document sert ici non seulement à la réouverture d’une page de l’histoire, dont on vient de commémorer les 100 ans, mais aussi à la redécouverte d’une histoire individuelle, celle de François Marie Conquer.

Le torpillage du navire fit une autre victime crachoise. Né le 22 mai 1881 et domicilié à Étel au début du conflit, François-Marie Audic était second maître fusilier à bord du Léon Gambetta.

Sources consultées

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